a sky full of stars
A l’aide de sa baguette, il traça le cercle sacré en partant du nord. D’abord un rond et puis les pointes du pentacle. Sa mère le regardait faire de loin, les bras croisés sur sa poitrine. Elle avait physiquement l’air d’une druidesse, avec ses vêtements amples en coton et ses longs colliers de perles. Elle avait aussi des boucles d’oreilles avec des plumes et portait en guise de chaussures des sortes de pantoufles – soit dit en passant – semblaient tout à fait confortables. Le jeune druide termina son cercle sacré et s’installa en tailleur au milieu. Sa mère ne dit rien, elle savait dans quel état mental son fils était désormais plongé et elle ne pouvait pas le distraire, sous peine de tout faire rater. Elle l’observa alors, son dos bien droit et ses mains au niveau de son bassin, posées dessus pour contrôler sa respiration – c’était un truc qu’elle lui avait donné -. Il ne fallu pas longtemps pour qu’elle sentit la perturbation dans l’énergie de l’air. Le vent se leva doucement, une brise à peine plus forte qui ne parvint même pas à la décoiffer mais qui, au niveau de Noam, était bien plus puissante étant donné qu’il avait sa veste qui claquait sur ses flancs. Et puis ça se calma. Elle ne dit toujours rien, elle attendait la suite. Il fallu plus de temps cette fois pour qu’elle remarque la racine de l’arbre qui s’entortillait doucement autour de son pied. Avec un soupire exaspéré, elle secoua le pied et la racine retourna de là où elle vint. Elle entendit alors son fils étouffer un rire. «
Concentre-toi Noam, bon sang ! » Il hocha la tête. «
Et je t’ai demandé de t’exercer sur l’esprit, pas sur les éléments. » Il souffla, elle l’entendit et su que c’était terminé pour le moment. De fait, il se releva et traversa son cercle non physique, désormais détruit puisqu’il l’avait quitté. «
J’invoquais l’esprit et l’air est venu à moi, je… » «
L’air ne vient pas à toi, tu dois apprendre à faire la différence entre l’esprit et les éléments. » Il soupira. «
Bien. »
and i get lost in your eyes tonight
Il était allongé dans l’herbe, en plein milieu d’une clairière du parc national. Normalement, ils n’avaient pas le droit de s’y trouver là, en pleine nuit. Les rangers fermaient le parc et les visiteurs étaient censés partir mais les druides, les loups et les chasseurs investissaient chaque nuit le parc pour y vivre leur vie surnaturelle. Ce soir, Noam était avec sa meilleure amie, comme bien souvent. Ils se connaissaient depuis des années, à vrai dire Noam ne saurait même pas dire quand tout avant commencé. Et puis après avoir effleuré de temps à autres, de bout des doigts, un aperçu de ce qu’était l’amour et après avoir eu plusieurs relations foireuses il s’était rendu compte que finalement, celle dont il était amoureux était celle avec qui il passait le plus clair de son temps. «
Ma mère pense que je m’entraine à la voyance, et la tienne ? » Demanda-t-il au bout d’un moment en se tournant vers elle, son dos était encore plein de feuilles mortes. «
Elle sait que je suis avec toi, mais elle pense qu’on va faire des incantations en faveur de la Déesse. » Noam se redressa, il secoua son sweat pour en faire tomber les feuilles et posa ses mains sur ses genoux. «
Ok, on peut faire ça alors. » Elle le regarda un long moment, sceptique. «
Depuis quand tu fais tes devoirs de gentil petit druide ? » Il eut un sourire et referma les poings. «
Tu te souviens de mon oncle, hm ? » Elle hocha la tête, ses doigts trouvèrent ceux de Noam, serrés de plus en plus forts. Elle savait très bien que son oncle était devenu un Darach parce qu’il avait négligé la Déesse. Du moins, c’était ce qu’on leur racontait. «
Tu sais, je pense qu’ils ont inventé cette histoire. C‘est probablement un choix, et tu ne choisiras jamais de devenir un darach. C’est tellement pas toi, Noam ! » Elle le fixa de ses grands yeux noisettes, il heurta ce regard et son sourire, un chaleur envahit son être alors que, sans y penser, il posait ses lèvres sur celle de sa meilleure amie. Elle ne recula pas, elle n’esquissa même aucun geste pour le repousser et ce fut lui qui, au bout de deux secondes et se rendant compte de ce qu’il faisait, s’éloigna d’un coup, heurtant presque le nez de la jeune femme au passage. «
Je suis désolé ! » Fit-il en se reculant encore un peu, persuadé d’avoir fait la plus grosse erreur de toute sa vie. «
Je… C’était… » Il haussa les épaules, ne trouvant plus ses mots. «
Un remerciement… ? » Elle fronça les sourcils. «
Je… hm, oui, tu vois… » Elle se leva et le rejoignit en quelques pas. «
Non, chut, n’aggrave pas ton cas. » Et ce fut elle qui l’embrassa cette fois.
it's a beautiful kind of pain
«
Tu te fous de ma gueule ? » Il leva les yeux, la bouche pleine de salade qu’il était en train de manger et secoua la tête avant d’avaler (précipitamment) le contenu de sa bouche. «
Hein ? De quoi tu me parles Romy ? » Elle leva les yeux au ciel et soupira bruyamment. Alors il su qu’il était profondément dans la merde et, déjà, il se ratatinait doucement sur sa chaise. C’était qui qui portait la culotte ? Elle, clairement, elle à du deux milles pourcent, bon sang les femmes étaient des monstres et encore plus quand elles pouvaient contrôler les éléments. «
Je viens de voir là – elle lui fourra son téléphone sous les yeux – que tu n’allais pas à la soirée de la fac et tu m’as dis il y a trois jours qu’on ne pouvait pas aller au cinéma parce que tu allais à cette putain de soirée ! » Il fronça les sourcils. Finalement il se leva, laissant son plat en plan et s’approcha d’elle, elle croisa les bras et le regarda faire, sans pour autant reculer. «
Ok Romy, j’ai oublié de te prévenir que j’y allais plus pour finir, c’est si grave que ça ? » Il savait, à force, qu’elle avait une légère tendance à s’emporter sur lui depuis qu’ils s’étaient mis en couple. Elle soupira. «
Tu oublies toujours ce genre de choses, Noam. Tu oublies toujours tout plein de choses, comme mes textos par exemple. Il faut toujours que tu mettes trois heures à me répondre et quand je dis trois heures, c’est bien trois heures ! » Il posa ses mains sur ses épaules et la sentit se détendre un peu sous ce contact. «
Non arrête. » Fit-elle sans bouger, elle ne le regarda même pas. «
Pardon, je suis désolé. » Il avait le pardon facile, Noam n’était pas un de ces garçons qui estimaient que les femmes ne méritaient pas leurs excuses. Si il lui avait fait du mal ou si il l’avait contrarié alors il devait s’excuser, même si il ne le faisait pas exprès (ce qui arrivait une fois par jour, quasiment). «
J’en ai marre que tu t’excuses, arrête faire tout ce pourquoi tu as besoin de t’excuser. » Noam la lâcha, il recula d’un pas et glissa une main dans ses cheveux. «
Ah oui, pardon, tu aimerais que je devienne parfait, c’est ça ? Hein Romy, c’est ça ? » Elle leva la tête vers lui. «
Exactement, oui ! Ou moins con ça serait déjà pas mal ! » «
Moins con ? Ah j’aimerais bien savoir quels sont tes standards d’évaluation aux critères de cons parce que si c’est ça, laisse-moi te dire qu’on est tous cons, chez les hommes ! » «
Toi plus que les autres, Noam ! » «
Parce que t’en sais quelque chose ? » «
Oh t’as vu, tu refais le con ! Change pas de sujet, ok. » «
Mais tu crois quoi, Romy, que je dois te dire tout ce que je fais ? » Elle semblait sur le point d’exploser de rage et, en même temps, de fondre en larmes. Mais là en cet instant il s’en fichait pas mal. «
T’as oublié quel jour ça sera, ce samedi, en fait. » Elle glissa ses doigts dans ses cheveux et haussa les épaules. «
Ok, c’est pas grave Noam. » Et elle tourna des talons. Noam posa le regard sur le calendrier accroché dans la cuisine et ouvrit des yeux ronds. «
Romy ! » Fit-il en lui courant après, il la rattrapa dans le hall alors qu’elle mettait sa veste et il posa une main sur son épaule, la forçant à se retourner. «
J’avais pas réalisé qu’un autre mois était déjà passé… » Elle se mordit la lèvre, apparemment en recherche de ce qu’elle pourrait bien dire. «
Tu m’emmerdes, tu sais. » fit-elle doucement. Il sourit et l’embrassa, c’était déjà finit.
it could be wrong, could be wrong... it could never last
Six mois. Six. Pauvres. Petits. Mois. Il se prit le crâne entre les mains, assis au bord de son lit il repensait à la discussion qu’il venait d’avoir avec celle qu’il avait pourtant cru aimer plus que toutes les autres. C’avait été un baiser au goût amer. Les sourcils froncés, il la laissa s’éloigner et ne la retint pas, alors même qu’il le faisait toujours, pour l’ennuyer, pour profiter encore un peu. Il avait laissé tomber ses mains le long de son corps, il avait rouvert les yeux et l’avait regardée alors qu’elle se retournait pour aller s’asseoir sur son lit. « Alors, pourquoi tu voulais absolument me voir ? » Il s’approcha à pas feutrés, doucement, et s’installa à côté d’elle. Son regard était celui d’une femme qui comprenait doucement ce qui lui arrivait avant même qu’il eut ouvert la bouche. « Noam… » Il glissa sa lanque entre ses lèvres, rapidement, ses dents ripèrent doucement sur sa lèvres inférieure. « Ca ne marche pas Romy, et on s’était dit qu’on ne prendrait pas le risque de briser notre amitié. » Elle évita de le regarder pendant un temps, puis hocha la tête. « Tu as raison… » Il haussa les sourcils, n’ayant pas tellement prévu cette réaction. « Vraiment ? » La jeune femme glissa son regard sur lui. « Oui, tu as raison, je n’ai pas envie de détruire tout ce qu’on a. Peut être que c’était une mauvaise idée dès le départ. » Son idée à lui, ou son impulsion plutôt. « C’est ma faute, je suis désolé, amis alors ? » Il sentait ce même goût amer se répandre plus loin dans sa bouche, et couler dans sa gorge pour empoisonner son être entier. Elle hocha la tête, il lui aurait volé un dernier baiser si il avait osé, parce qu’il n’avait pas su la retenir deux minutes plus tôt. « Amis, oui. » Elle sourit, il voyait bien que c’était du jeu tout ça, qu’elle ressentait la même chose que lui. Il ne leur faudrait que du temps, mais il ne doutait pas de revenir vers elle bientôt. Elle était une partie de lui, que ce ne soit qu’en terme d’amitié lui conviendrait probablement plus. Il s’en était persuadé. Mais six mois putain !
wicked games
Noam adorait grimper dans les arbres, sa nature de druide l’avait toujours lié à la nature de manière plus ou moins forte. Aujourd’hui, il ressentait le besoin d’être perché à quelques mètres du sol et savait très bien qu’il ne tomberait pas. Il répétait des incantations qu’il connaissait en regardant les branches bouger doucement sous ses demandes à la terre, c’était son élément préféré. La nuit commençait doucement à tomber tandis qu’il ressentait l’ascension de la lune dans le ciel. L’énergie devenait plus intense, son pouvoir se décuplait avec la lune. Il se tut un instant, les branches reprirent leurs formes initiales et pendant ce vague silence il entendit un bruit de pas sous lui. L’odeur précédant la créature ne trompait pas. Noam eut un mouvement de recul sur sa branche, il ne voulait pas fuir les loups mais c’était inscrit dans son code génétique, ils n’étaient pas fait pour s’entendre. Noam se baissa légèrement il observait la scène. C’était un loup – homme, femme, il n’aurait su le dire – qui s’était arrêté de courir sous son arbre et qui leva les yeux vers lui. Le regard bleu du loup croisa celui de Noam. Le druide savait ce que ça signifiait et eut un nouveau mouvement de recul qui le fit presque tomber son arbre. Le loup regarda cette fois derrière lui et se remit à détaler. Alors Noam l’entendit. Le chasseur. Celui-ci n’avait pas l’odorat pour le trouver. Il aurait voulu faire quelque chose, les empêcher de s’entretuer mais le Pacte l’interdisait de bouger alors il attendit un peu, les yeux fermé, récitant une prière à la déesse pour oublier ce qu’il venait de voir et son obligatoire à rester inactif. Ce Pacte l’emmerdait de plus en plus.